« Allez Dana soit sympas ! Tu verras ça sera super. », m’adressait Aaron tandis que je m’acharnais sur les touches de ma manette. « Ne me fait pas regretter de t’avoir laisser venir ici. Je t’ai dit non. », rétorquais-je sans même prendre la peine de lever les yeux de mon écran. Mon ami, qui venait de larguer sa copine, voulait se changer les idées et pour ce faire, il n’avait rien trouver de mieux que d’aller en boite de nuit. Alors pas que j’ai un quelconque problème avec cette idée mais j’avais eu une semaine assez chargée et mes envies du moment se résumaient à flemmarder en tête à tête avec ma manette. J’allais réussir à terminer mon niveau, celui avec lequel j’ai du mal depuis quelques temps. Un léger sourire commençait à étirer mes lèvres tandis ma concentration se lisait dans chacun des traits de mon visage. Mais l’apparition d’Aaron devant l’écran de la télévision me fit perdre ma concentration, ma partie et ma patience. Je pouvais sentir chacun de mes muscles se tendre tandis que mon ami me fixait avec insistance. Soupirant, je posais avec rage ma mannette sur le canapée avant de me lever. « Tu me le paiera. », lui adressais telle une promesse en passant devant lui pour rejoindre la salle de bain claquant la porte derrière moi. « Tu verras ça sera super ! », hélait-il depuis le salon…
Nous avions fini par y entrer, la boite la plus connue d’Anaheim. Je portais une robe « passe partout », classique mais habillée de couloir bleu marine. J’avais passé un certain temps à danser au début avec Aaron, puis finalement au milieu de parfaits inconnus, femme et homme confondu. Je n’étais pas vraiment le genre de fille à fréquenter ces endroits chaque fin de semaine mais une fois de temps en temps ça ne me déplaisait pas. « Aaron, j’ai soif. », criais-je à l’oreille de mon ami pour qu’il m’entende malgré la musique. Le regard lourd de sens qu’il m’adressait devait vouloir dire quelque chose comme « c’est pas le moment Dana, je suis avec une fille là ». Mais, le visage légèrement pencher sur le côté, le mien devait lui prouver à quel point je m’en fichais pas mal. « Dois-je te rappeler que c’est toi qui m’a trainer ici ? Et que tu me dois bien ça pour m’avoir fait perdre à un niveau que je peine à passer depuis plus de deux semaines ? », argumentais-je avant de lui sourire. Le jeune homme cédait finalement après avoir demandé à la demoiselle de l’attendre quelques minutes. Bien entendu, celle-ci filait à peine avait-il tourner les talons. Pour dire vrai, c’était plus mes douleurs dans le genou qui me poussaient à m’installer au bar qu’une soudaine soif. Mon ami payait ma consommation avant de filer aussi vite qu’il n’était venu. Haussant les sourcils, j’attrapais la paille de mon cocktail entre mes doigts avant de la porter à mes lèvres rosées par mon maquillage. J’avais passé un petit moment assise-là, seule et je devais bien admettre que ces chaises hautes n’avaient rien de confortables et encore moins quand vous avez le genou aussi inflammé qu’une petite mamie de quatre-vingt ans. M’emparant de mon verre, j’ai finalement décidé de me mettre en quête d’une banquette où je pourrais allonger ma jambe malade. Malheureusement pour moi, la plupart, pour ne pas dire toute était prise. Seule une place demeurait libre, en face d’un homme plongé dans son téléphone qui ne me semblait pas beaucoup plus âgé que moi vu d’ici. Avec un peu de peine, je titubais jusqu’à sa table. D’ordinaire je me serais sentie gênée de boitiller ainsi mais ici, je faisais un peu partie du décor au vu du nombre de personne qui n’arrivait pas à mettre un pied devant l’autre. Mon verre à la main, je m’arrêtais à hauteur de la table. « Il parait que dans ce genre d’endroit la sociabilisation fonctionne mieux quand on n’utilise pas ce genre de technologie. », tentais-je avec un léger sourire. J’avais une chance sur deux, soit c’était un type sympa et il prenait ma remarque au second degré, soit c’était un idiot et j’allais me faire envoyer sur les roses. Je lui adressais alors un plus large sourire, comme pour mettre toute les chance de mon côté. « Cette place est libre ? », demandais-je finalement en la désignant de l’index de la main où je tenais mon verre…

Mon verre à la main, j’esquissais un sourire. Visiblement j’étais tombée sur quelqu’un d’un minimum ouvert. Je me suis finalement installée en face de lui profitant du confort. Parce que oui, j’avais raison : la banquette était bien plus confortable que les chaises de bar. Déposant délicatement mon verre devant moi, je haussais légèrement les épaules. « J’ai jamais vraiment cru aux statistiques. », lui adressais-je avec une petite moue qui me faisait plisser une peu le nez. J’ai fini par attraper ma paille pour la pincer entre mes lèvres.  Ma petite sensation de soif passé, je reposais mon regard sur l’homme qui me faisait face. Sa question était à la fois intrigante et en même temps totalement légitime. Disons que le fait que je sois seule ou non ne regardais personne d’autant que ça pouvait vraiment devenir une question suspecte. Fort heureusement pour moi ce n’était pas mon cas, j’étais bien plus branchée soirée pizza/console que boîte de nuit. Serrant doucement mes lèvres l’une contre l’autre, je fronçais légèrement l’un de mes sourcils. « Pas vraiment.. », commençais-je par dire avant de tourner la tête de manière à voir par-dessus mon épaule. Evidemment, je tenais fermement mon verre dans la main malgré tout, je ne savais pas vraiment à qui j’avais à faire et mon père avait toujours été très strict avec cette règle : quand on sort, on surveille son verre. Levant doucement le menton, je désignais Aaron qui dansaient d’une manière gênante avec une nouvelle fille. « Tu vois le grand, qui à l'air un peu idiot qui se trémousse là-bas. », lui adressais-je avant de lui refaire face. « Je vais boire encore un coup histoire d’oublier le moment gênant que je viens de voir. », concluais-je avec un sourire amusée. Evidemment c’était une simple plaisanterie, je n’avais aucunement l’intention de boire à ne plus savoir comment je m’appel. L’inconnu en face de moi se présentait alors, un nouveau sourire étirait mes lèvres tandis que mes yeux se plissaient légèrement comme si je le suspectais de quelque chose. Mes amis avaient tendance à dire que j’étais très expressive notamment en raison de mes nombreuses moue toute plus parlante les unes que les autres. « Chouette prénom.», admis-je plus par politesse qu’autre chose. A vrai dire, ce prénom me rappelait cette série des années quatre-vingt que je regardais avec mon père quand j’étais enfant : Jayce et les conquérants de la lumière. Mais en bonne geek, ça ne m’étonnait qu’à moitié que mon esprit fasse automatiquement le lien entre les deux. « Moi c’est Dana. », lui dis-je finalement en jouant avec le pied de mon verre. Penchant légèrement la tête sur le côté, j’attrapais mon verre pour l’avancer vers mon visage. « Et toi, tu es venu seul ? », lui demandais-je effectuant une courte pause. « Remarque, j’imagine que c’est mieux d’être seul pour réaliser de nouvelles expériences sociales et ainsi défier les lois statistiques. », ajoutais-je avant d’esquisser un sourire. Je faisais bien entendu référence au fait qu’il était sur son téléphone tout à l’heure. Disons que ce n’était pas vraiment le comportement le plus commun dans ce genre d’endroit un homme seul, assis, le nez dans son téléphone disont que c’était pas vraiment raccord avec le contexte. J’ai fini par reprendre une gorgée de mon cocktail avant de reposer mon verre avec soin à la même place que tout à l’heure. Je réalisais bien que chacun de mes mots montraient à quel point je ne faisais pas partie de cet univers de la nuit. Les filles qui dansent jusqu'au bout de la nuit, les plastiques de rêves et les talons toujours plus hauts c'était pas vraiment mon truc. Mais après tout à quoi bon jouer les filles superficielles, je n'étais pas de ces filles-là et le cacher n'aurait durer qu'un temps ..

A vrai dire, j’avais engagé la conversation pour éviter de jouer la fille malpolie qui s’installe où bon lui semble. Et puis, si cette conversation pouvait rendre ma soirée un peu plus intéressante. Aaron s’amusait dans son coin avec la ferme idée de se trouver de nouveaux contacts pour remplacer sa dernière petite-amie en date. De ce fait, disons que ma présence ici lui n’était pas mal égal. Alors pourquoi diable m’avait-il forcée à l’accompagner ! La voix de Jace me rappelait à la réalité quelques secondes à peine après que je ne me sois égarée dans mes pensées. Mes sourcils se fronçaient légèrement tandis que ma tête se penchait légèrement sur le côté, un tic que j’avais quand une idée effleurait mon esprit. Mes lèvres se pinçaient entre elles, il était en train de parler de moi ? Son sourire me laissait penser que oui mais sa phrase me laissait dans le flou total. Finalement mes lèvres s’étiraient en un large sourire amusée pour seule réponse avant de reprendre avec une nouvelle remarque sur les statistiques. Mon regard se levait vers le plafond, comme le ferait quelqu’un qui réfléchit. Ma main glissait sous mon menton avant de venir se poser sur ma seconde main, à même la table. « Remarque intéressante. », commençais-je par rétorquer en reposant mon regard émeraude sur Jace. « La question étant : qu’est-ce que la norme ? », continuais-je en haussant les sourcils, un léger sourire au coin des lèvres. Tournant la tête sur la droite, j’observais les divers comportements des personnes présentent sur la piste de danse. « Selon toi, est-ce que c’est ça la norme ? », demandais-je en fixant toujours les gens à ma droite. Certaines filles se frottaient sensuellement contre de parfaits inconnus, une bande de garçon riait de leur ami ivre mort sur le comptoir et d’autre s’embrassait sauvagement. « Car les statistiques, elles, disent que c’est un comportement normal dans ce genre d’endroit et eux sont persuadés d’être exceptionnels. », lui adressais-je en reposant mon regard sur lui. Il s’était dit abonné à cette boite et si finalement il faisait partie de ceux qui se pensent exceptionnels en fréquentant cet endroit. Un sourire étirait mes lèvres à cette idée, tandis que mes sourcils se levaient un court instant. Jace me semblait être quelqu’un d’intéressant, il avait une répartie qui me plaisait beaucoup et mon sourire le trahissait. Finalement, peut-être que ma remarque avait été parfaitement réfléchi, peut-être que je voulais simplement comprendre davantage à qui j’avais à faire. Mais visiblement, mon interlocuteur cherchait la même chose au vu de sa question plus ou moins personnel. J’avais parfaitement compris qu’il me parlait d’Aaron. J’ai saisi ma paille pour vider un peu plus mon verre histoire de masquer mon sourire amusée par les techniques de prises d’informations de Jace et, accessoirement gagner un peu de temps. Deux solutions s’offraient à moi. Soit je mentais en prétendant qu’il y avait quelque chose entre Aaron et moi. Soit je me montrais sincère en assumant l’entière vérité et mon côté geek par la même occasion puisque le temps que j’avais pris pour réfléchir lui avait permis de me questionner à nouveau. « C’est un ami. », admis-je avec franchise en haussant les épaules. Je n’étais pas complètement contre le fait de fréquenter ce genre d’endroit, mais je devais bien admettre que je n’étais pas dans mon environnement naturel, même si je m’acclimatais relativement bien. Je m’apprêtais à répondre à sa seconde question dans un léger rictus s’échappait d’entre mes lèvres. « Ni l’un, ni l’autre. », rétorquais-je avant de relever mon regard vers le sien. « Disons que c’est un ami idiot qui m’a fait lâché ma console pour jouer les chaperons. », concluais-je en pinçant mes lèvres entre elles tandis qu’elles s’étiraient en un sourire pincer. Je n’avais pas lâché Jace du regard, observant avec attention sa réaction. « En d’autre terme, je ne suis pas une habituée de ce genre d’endroit. », ajoutais-je finalement en haussant les épaules. Je détournais le regard un court instant tandis qu’il m’expliquait qu’il fréquentait souvent les lieux. Une femme qui semblait un peu plus âgée que moi se levait de la banquette derrière Jace, criant à son accompagnateur, en piteux état, que c’était sa chanson préférée et qu’il devait l’emmener danser. Mon regard se levait immédiatement vers elle. C’était un regard navré devant un tel comportement. Finalement elle ne devait pas être loin d’être aussi ivre que son ami et les trois quarts des gens autour de nous devaient à présent savoir qu’il s’agissait là de sa chanson favorite. Mes yeux s’écarquillaient en la regardant tituber jusqu’à la piste. Reposant mon regard sur Jace, je lui adressais un nouveau sourire. « Je vois. », lui répondais-je enfin. « Et donc c’est ton genre de fille ? », lui demandais-je en désignant la femme qui venait d’attirer l’attention d’un signe discret de la tête. Le sourire qui étirait mes lèvres trahissait l’intérêt que j’avais pour sa réponse. A vrai dire, je trouvais toujours ça intéressant de découvrir de nouvelle personne, de nouveau caractère et essayer de les comprends m’intéressait tout particulièrement. A cet instant précis, l’idée que cette question puisse laisser penser que j’étais intéressée d’une autre manière ne m’avait pas vraiment effleuré l’esprit..